Texte(s)

Il est grand temps que la pensée redevienne ce qu’elle est en réalité : dangereuse pour le penseur et transformatrice du réel.

« Là où je crée je suis vrai » écrivait Rilke.

Denis de Rougemont, Penser avec les mains

Postulat #1 : La peinture est pleine d’images.

La toile n’est jamais une surface blanche. Avant de commencer à peindre, l’espace pictural est saturé d’images déjà-là ; celles de sa propre histoire, de sa tradition; celles de la photographies, du cinéma et des médias. Même notre perception si l’on suit Bergson, fait du monde, un flux d’images.
Désormais, il faudra trouver la peinture derrière cette masse de représentations existantes. Entreprise complexe qui nécessite une posture de guetteur. Observer patiemment, scruter le monde, chasser les clichés pour enfin l’entrapercevoir car le champ du tableau est constitué par une image bien particulière, celle qui résistera à ce trop plein.

Postulat #2 : L’image-noeud.

La vocation de la peinture n’est pas de produire des images pour communiquer ou comprendre mais pour résister. Elle creuse et ne remplit pas. L’artiste belge Michaël Borremans suggére qu’elle n’est ni réponse, ni question mais avant tout un noeud.

Ainsi, j’entame toujours mon travail par une longue recherche sur google image. Il faut du temps et beaucoup de patience pour flairer celle qui permettra au travers sa reconstruction en peinture d’arriver à ce noeud où elle provoque et ne peut laisser indifférent. Dès lors, elle atteindra son potentiel traumatique – qui n’a rien à voir avec une forme de violence brutale et imbécile. Au contraire, c’est le moment de bascule où elle va pouvoir interpeller et troubler par les diverses catégories de l’émotion.
C’est pourquoi je garde toujours en tête cette citation de Rainer Maria Rilke dans laquelle je remplace le terme de pensée par celui de peinture.

Murielle Maudet